Texte et mise en scène Ahmed Madani Assistant à la mise en scène Issam Rachyq-Ahrad Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie NTotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zack Création vidéo Nicolas Clauss Création sonore Christophe Séchet Regard extérieur chorégraphique Salia Sanou assisté de Jérôme Kaboré Création lumière et régie générale Damien Klein Régie son Jérémy Gravier Costumes Pascale Barré et Ahmed Madani Coach chant Dominique Magloire Administratrice Pauline Dragon Chargée de diffusion et de développement Rachel Barrier
Production : Madanie Compagnie
Production et soutiens
Coproduction : Le Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique à Nantes, MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis Bobigny, Fontenay-en-Scènes à Fontenay-sous-Bois, Théâtre Brétigny – Scène conventionnée arts et humanités, L’Atelier à Spectacle – Scène conventionnée d’intérêt national de l’Agglo du Pays de Dreux (Vernouillet), Scène nationale de l’Essone – Agora-Desnos, Maison de la Culture à Amiens – Pôle européen de création et de production, La Comédie de Picardie, Le Vivat d’Armentières – Scène conventionnée d’intérêt national d’Art et Création, Théâtre Les Passerelles à Pontault-Combault – Scène de Paris – Vallée de la Marne, L’Azimut – Antony/Château-Malabry
Avec le soutien de : Maison des Arts de Créteil, Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff, Théâtre de Chelles, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, MPAA à Paris, Le Safran, Maison du Théâtre à Amiens, Théâtre de Poche à Bruxelles, Mairie de la Courneuve – Houdremont centre culturel
Le projet bénéficie du soutien de la Fondation SNCF, du Ministère de la Culture (aide au compagnonnage), de la Région Ile-de-France (aide à la création), du Département du Val-de-Marne et du Département des Yvelines, et est réalisé avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.
Madani Compagnie est conventionnée par la Région Ile-de-France, par le Ministère de la Culture – DRAC Ile-de-France.
Madani Compagnie est conventionnée par la Région Ile-de-France, par le Ministère de la Culture – DRAC Ile-de-France.
Elle bénéficie également du soutien du Département de l’Essonne.
Ahmed Madani est artiste associé au Théâtre Brétigny – Scène conventionnée arts & humanités, artiste associé à L’Atelier à Spectacle – Scène conventionnée d’intérêt national de l’Agglo du Pays de Dreux (Vernouillet – 28) et Compagnie en résidence à Fontenay-sous-Bois (Fontenay-en-Scènes)
Ahmed Madani
Un ouragan de liberté souffle invariablement sur les créations du metteur en scène Ahmed Madani. Depuis 1985, cet infatigable « spécialiste des territoires dits périphériques » crée un théâtre d’art poétique et populaire né de dialogues avec les jeunes des quartiers.
À partir des récits d’une centaine de jeunes de 20 à 30 ans, neuf amateur·ices qui se voulaient acteur·ices voient leur rêve prendre forme en se faisant porte-paroles de leurs prochains. Né·es de parents ayant vécu l’exil, ils et elles se mettent à parler d’amour et de désir, avec humour et poésie, rage et/ou espoir.
Faut-il se ressembler pour s’assembler ? Pas nécessairement, répond Madani, convaincu qu’on peut s’assembler dans nos différences et nos ressemblances. La transmission et les questions du social et du politique ont fait l’objet d’une attention particulière depuis la fondation de la compagnie.
Et de fait, derrière les particularités des codes de la cité, et la joyeuse gouaille du récit, cru et pudique à la fois, se dessinent les plus universelles des trajectoires. L’incandescence en plus.
UNE SEMAINE AVEC AHMED MADANI
« La rencontre que je propose est ouverte à tous les jeunes, intéressé·es ou non par le théâtre, ayant une pratique artistique ou n’en ayant aucune. Je ne dirige pas de formations au sens conventionnel du terme. On ne vient pas pour apprendre, on vient pour partager. C’est seulement en acceptant de donner que l’on pourra recevoir. Notre recherche s’engagera à partir de la matière humaine brute et vivace de la singularité de chacun et chacune des protagonistes. Comment est-on lorsqu’on est un·e jeune vivant dans un territoire rural, loin des grands centres urbanisés, hors de portée des tracas de la pollution, des violences de l’urbanité, de la foule, des activités de loisirs conventionnelles et toujours au contact avec la nature, la terre ?
Comment cette façon de vivre interagit-elle avec votre façon d’être ? Comment les relations amoureuses s’inventent-elles ? Dans quelle posture vous placez-vous vis-à-vis des autres, ceuxet celles qui ne vivent pas à cet endroit ? Comment dans un tel contexte éprouve-t-on sa condition humaine ? Le désir de partir est-il plus fort qu’ailleurs ? Et d’abord pourquoi vouloir partir ?
Pourquoi vouloir rester ? Notre matière textuelle proviendra de ces récits, de souvenirs marquants, d’histoires de familles, de chansons. Le langage du corps sera convoqué au travers de gestes simples, de danses, des mouvements improvisés, de façons de se déplacer où la singularité de chacun sera mise en valeur. Je cultive une manière d’être sur scène au plus près de soi. Il s’agit de tracer une ligne invisible entre le je(u) et l’être, entre le passé et le présent, entre l’être et l’avoir, entre le rêve et la réalité. Passer du réel au symbolique, tels sont les enjeux de mon processus de création. »
Ahmed Madani
De 14h à 18h, du 17 au 22 avril
Entrée libre, adhérez au théâtre Jean Lurçat pour participer
Pour les jeunes à partir de 15 ans
Interview complète de Ahmed Madani par le théâtre Jean Lurçat, pour le fil de printemps 2023.
D’où est venue l’envie de créer des spectacles avec la jeunesse qui parlent autant aux ados qu’aux adultes ?
Après de nombreuses aventures, j’ai souhaité approfondir ma réflexion sur une mise en perspective historique, sociale et culturelle de ces réalités urbaines et j’ai lancé en 2012, le projet Face à leur destin. J’ai décidé de le réaliser avec des jeunes habitant dans les quartiers populaires et dont les parents ont vécu l’exil. Je souhaitais dialoguer avec cette jeunesse pleine d’interrogations sur son histoire, sa mémoire et dont le désir ardent de se projeter dans l’avenir ne pouvait se concevoir sans prise compte de ses appartenances culturelles. Tout ça me semblait extrêmement intéressant à faire entendre sur scène et permettait d’entamer de passionnants dialogues entre ces jeunes et les autres ! Travailler avec cette jeunesse c’est mettre sur la scène des paroles qu’on n’entend pas, des corps qu’on ne voit pas, des langues qu’on ne comprend pas … Les œuvres réalisés dans cette trilogie, je les pose dans une tradition du théâtre antique, c’est-à-dire qu’elles font apparaître sur la scène des héros de notre temps en révélant des passions humaines, des douleurs, des joies, des loyautés contrariées et des récits souvent implacables. Mon projet est de faire passer ces récits dans l’ordre du symbolique pour produire des effets cathartiques libérateurs à la fois pour les jeunes et pour le public. Suite au vif succès d’ Illumination(s), F(l)ammes a défrayé la chronique et Incandescences a abordé les questions délicates de l’amour et de la sexualité.
Comment avez-vous travaillé avec ces jeunes personnes pour créer » Incandescences » ?
Il est très important que ces jeunes ne soient pas professionnels, en effet, je tiens à préserver une forme de virginité au plateau qui donne ce caractère d’authenticité à leur présence scénique. Il faut qu’ils aient envie de me rencontrer, qu’ils adhèrent à ma manière de travailler, qu’ils acceptent de parler d’eux, et qu’ils n’aient pas peur de la scène. La première rencontre a toujours lieu dans le cadre d’un stage d’une semaine. Le process de ma démarche y est exposé: parler de soi, le plus profondément et le plus simplement possible. Sur la centaine de candidats qui se présentent, seuls une dizaine prennent part au projet. Ils signent alors un contrat professionnel qui implique de répéter, de respecter ses collègues, ses costumes, d’arriver à l’heure à la représentation, de jouer quoiqu’il advienne.La formation que je dispense tient en quelques mots : dire son texte en étant le plus proche de soi-même. Ce qu’ils apportent à la dynamique de création, c’est leur manière d’être sur la scène, leur savoir être plutôt que leur savoir faire, leur sensibilité, leur tchatche, leur posture, leur comportement, leur accent, leurs attitudes, ce qu’ils ont dans la tête, leur musique. Ce matériau brut vient nourrir ma trame et lui donner une véritable épaisseur, une originalité, un caractère unique, exceptionnel. Ils ne change en rien à mon propos, mais lui permettent de se déployer en lui donnant toute son ampleur. Ces jeunes amènent sur la scène leur énergie incroyable et une autodérision formidable ! Notre travail reste extrêmement vivifiant et joyeux, même si parfois les sujets sont empreints de gravité, et de douleur. Au-delà de créer un spectacle, je leur propose de vivre une expérience humaine forte et exaltante qui redonne fierté, stabilité, et confiance en soi et qui par la suite leur permettra de mieux s’engager dans leur vie.Cette dynamique repose sur le postulat que le plus important est le chemin que nous accomplissons plutôt que la réussite d’un spectacle. Je sais par expérience qu’en mettant ces jeunes sur la scène, leur simple présence en cet endroit est en soi un évènement. Le principe de base est l’écoute, rien n’est imposé, tout est construit dans une volonté partagée de faire entendre une parole silenciée. Rapidement, les simplifications sociales ayant rapport à la soumission intériorisée sont déconstruites. Une prise de conscience s’opère et l’on s’engage sur la voie de la compréhension de soi-même. Tout ça prend du temps, il faut agir avec délicatesse et sensibilité sans jamais forcer. Au début il y a beaucoup de pudeur. La base de mon travail est d’accueillir ces paroles sans les juger, dans un respect de la personne.Un rapport de confiance s’établit. Puis c’est l’acte d’écriture qui permet de franchir les derniers pas, la symbolisation offre la possibilité d’une distance en favorisant le passage de la personne au personnage et ouvre la voie au dépassement de soi, à l’altérité, à l’universalité.
Cette jeunesse a un besoin réel de s’exprimer, de dire ce qu’elle a sur le coeur, ses révoltes, ses colères, ses doutes, ses inquiétudes. Les réseaux sociaux ne permettent pas de tout dire, ils n’exposent que le vernis extérieur. En s’engageant dans mes projets, l’objectif est de briser la glace pour aller au-delà. Il n’est pas facile de parler de soi, encore moins de parler de son corps, de ses pulsions, de ses désirs. Dans Incandescences c’est progressivement que chacun dévoile son intimité. Les premières questions étaient simples : comment t’appelles tu ? Que signifie ton nom ? Comment tes parents se sont-ils rencontrés ? Puis on est entré dans le vif du sujet sans vraiment qu’ils s’en rendent compte: le premier baiser, les premiers désirs, les amours de l’enfance, la découverte de son sexe, la masturbation, la première relation sexuelle, la jouissance. Une dynamique de don et contre-don permet d’établir un dialogue: si tu m’offres une histoire, je t’en offre une autre en échange. Ce n’est jamais brutal et frontal, chacun à la possibilité d’arrêter ses confidences à l’endroit où il le souhaite. Certains récits sont poignants, douloureux et d’autres drôles et cocaces. Ces séquences de discussions alternent avec des temps de jeu, d’exercices de prises de parole, de travail sur la présence, de danse, de mouvements.